Edition 9 - Nuit réseau du 19/02/2005

Liste des participants

Intro

Alors comme ça, vous êtes une bande de jeunes drogués, écervelés et complétement à l'ouest ?

Allez, ne vous vexez pas ! Nous pouvons quand même nous parler franchement, non ?

Après neuf soirées réseaux organisées par la LFXW, ce n'est pas comme si nous étions des étrangers.

Ah, vous n'êtes pas au courant ?

Pourtant, les médias ne parlent que de ça en ce moment.

Bon, ok... C'est différent alors. Laissez-moi vous remettre à niveau.

Les infos sous ma douche

Tout a commencé l'autre jour, quand j'ai été frappé d'effroi sous ma douche.

J'écoutais tranquillement les informations du matin quand un journaliste (visiblement fort renseigné;) m'a appris que cela faisait près de 5 ans que je cotoyais des jeunes drogués, dangereux et de surcroît complètement hors des réalités de la vie moderne, capitaliste et mondialisée.

Jugez par vous même : selon lui, des chercheurs avaient démontré que les jeunes étaient de plus en plus accrocs à Internet en général et aux jeux en ligne en particulier.

De cette addiction, avérée, découlait une perte du sens des réalités, un comportement agressif, une désocialisation, un repli sur soi...

Mon sang ne fit qu'un tour : quel risque insensé avais-je pris en cotoyant innocemment les joueurs de la LFXW ?

Un sentiment aigu de culpabilité me saisit à la gorge. L'eau de la douche devint trop chaude et l'odeur de mon savon pris la senteur irritante de l'ammoniac.

N'avais-je pas mis en péril l'avenir de mon fils aux commandes de mon Z-95 ?

N'avais-je pas hypothéqué mon avenir professionnel en participant aux WoW francophones ?

N'avais-je pas, à mon corps défendant, participé à la spirale de la décadence juvénile en favorisant des rencontres régulières de joueurs, lors de "Soirées Réseau" ?

Quelle angoisse !

Tiens... les "Soirées Réseau" justement, voilà un bon moyen de vérifier si mes craintes étaient fondées et si le journaliste "dans le poste" avait dit vrai.

Une théorie à deux balles à l'épreuve... des balles

Résumons-nous, Internet serait donc synonyme (pour le jeune) :

Qu'à cela ne tienne ! Mettons donc cette théorie à l'essai.

Pour ce faire, observons un rassemblement de joueurs lambda (la Soirée Réseau 9 de la LFXW, par exemple, qui s'est déroulée le 19 février 2005).

Expérience numéro 1 - la balade

Le rendez-vous de cette "SR9" était donné à 16 heures, sur le parvis du Panthéon, monument historique s'il en est. Ce point de rendez-vous était loin d'être anodin. Il avait été choisi par les organisateurs pour illustrer la première étape d'une balade culturelle et historique dont le thème principal était : la Révolution Française.

J'avais donc sous mes yeux des jeunes (et des moins jeunes - et le nombre de cheveux sur la tête n'est pas un gage de jeunesse) qui s'intéressent à l'Histoire de France, aux institutions politiques et aux stratégies militaires du XVIIIème siècle.

Vous admettrez qu'en matière d'écervelés, n'importe quel chercheur du CNRS peut trouver pire. Mais continuons notre examen.

Cette balade a mené les participants tour à tour au Champ de Mars (haut lieu révolutionnaire : la Fête de la Fédération, la répression de 1791, etc.), sous la Tour Eiffel (quel autre monument peut mieux symboliser la République ?), devant le Palais du Trocadéro, sous l'Arc de Triomphe (pour représenter ce "piège" nommé Bonaparte dans lequel le Directoire est tombé).

Tous ces lieux, tous ces monuments historiques (analysés dans le détail, comme le prouve le listing de 50 pages qui a circulé parmi les participants, reprenant la totalité des noms gravés sur l'Arc de Triomphe) attestent d'une curiosité qui n'est pas si étiolée finalement...

A chaque étape, un rapide exposé des différents régimes politiques qui ont ponctué la Révolution Française était réalisé. Je crois même avoir entendu dire qu'une documentation d'une dizaine de pages avait été remise aux plus intéressés.

Tiens, je me demande tout à coup combien de journalistes de radio peuvent différencier la nature et les objectifs de la Convention Girondine et la Convention Thermidorienne...

Si vous ajoutez à tout ça au fait que cette balade a donné lieu à de nombreuses discussions ("Qui c'est le plus fort, le FKS ou le SOS ?"), des rencontres ("Ah c'est toi Han_Solo_24 ?" - C'est donc ce petit gringalet qui se cache sous le pseudo de K1ll3r_5iTh_d3_l4_m0rT...), des retrouvailles ("Ton coiffeur est en prison ou quoi ?") et à de franches parties de rigolade (ex : le magasin Optique FKS, avenue Kléber), je pense que vous serez d'accord avec moi pour dire que n'importe quel psychologue peut aisément trouver plus replié sur soi qu'un pilote de la LFXW.

Faisons donc un point et reprenons les faits décrits. Voilà de quoi sérieusement bousculer notre théorie.

"Désintérêt pour la vie réelle" ? Raté.

"Repli sur soi" ? Pas convaincu.

"Agressivité" ? De quoi ?

Expérience numéro 2 - le restaurant

A l'issue de la balade, le groupe de joueurs avait rendez-vous dans un restaurant italien du XIIIème arrondissement. Et quand je dis "restaurant", je ne dis pas "fast-food".

Quoi que vous en disiez, les pilotes de la Ligue aiment manger. Bouffer trois mikados arrosés de soda n'est pas leur seule et unique habitude alimentaire.

Ils se retrouvèrent donc tous assis autour d'une grande table (limite banquet d'Ewoks). En plus de la nourriture fort plaisante et d'une ambiance très agréable, le repas fut le théâtre d'exploits techniques (même si je tiens à rappeler que tout ce qui brille bleu n'est pas Bluetooth), de récits de péripéties douanières (un conseil : évitez de trop commander des marchandises à l'étranger) ou des concours d'engloutissement de pizza de son voisin.

Fait étrange : à côté des membres de la LFXW, des loubards à moto étaient attablés. Vous vous dites : "Ca y est, nous avons la preuve qui nous manquait ! Ces gens fréquentent des lieux malfamés". Encore une fois, c'est raté. Le groupe de motards en question n'avait finalement rien d'une horde de loubards... En fin de compte, le personnage le plus inquiétant de tout le restaurant se trouvait parmi les pilotes.. C'était un type de 2 mètres de haut, le cheveu ras et le katana en bandoulière...

Une fois le repas terminé, le groupe se rassembla devant l'établissement et se dirigea, dans l'ordre, vers la salle réseau choisie et réservée pour l'occasion.

Faisons un nouveau point scientifique. A ce niveau, il faudrait être sacrément de mauvaise foi pour dire que les participants de la SR9 étaient agressifs, sans imaginations, amorphes et fermés au monde qui les entoure.

Expérience numéro 3 - la nuit de jeu en réseau

Je vous pose le décor : une vitrine écrasée sous un HLM parisien, une façade hideuse, un bandeau lumineux rouge et vert...

Les participants de la SR9 auraient-ils fait un arrêt dans une épicerie de quartier ?

Non, non... il s'agissait bien de la salle réseau qui avait été réservée.

Je vous rassure l'intérieur de la salle était beaucoup plus conforme aux attentes des joueurs. Les postes étaient spacieux et confortables. Les ordinateurs étaient suffisamment puissants et les connexions étaient plus que correctes (mis à part des incompatibilités inexpliquées).

Deux salles de repos permettaient au plus flemmards de se délasser entre les épreuves.

Finalement, seul l'intendance de la salle laissait réellement à désirer. Mais je n'en parlerai pas trop : je ne voudrais pas devenir grossier.

Pour faire simple :

Mais revenons aux joueurs et aux activités auxquelles ils ont participé.

Outre des mêlées ponctuelles et spontanées entre joueurs désireux d'en découdre, deux grandes épreuves ont été organisées :

Le "chacun pour soi" est le grand classique de la Soirée Réseau. Malgré le caractère individualiste (et élitiste) de cette compétition, nous avons pu assister à de grands moments de cohésion et de respect mutuel.

Par exemple, les joueurs arrivés en finale étaient fiers de s'affronter.

De la même façon, les joueurs éliminés en demi ou même en poules étaient heureux de s'affronter pour des matches de classement. Je salue bien bas cette attitude qui démontre que pour tous les pilotes, le plus important n'est pas de gagner mais plutôt de jouer, de se défendre le mieux possible et surtout de s'amuser.

Le "deux contre deux" a donné à nos affrontements amicaux une nouvelle dimension. Je ne reviendrais pas sur tous les détails techniques de cette épreuve. Voilà en gros comment cette épreuve fonctionne : plusieurs équipes de **trois pilotes** se sont affrontées dans des matches en 2 contre 2 (le choix des 2 joueurs parmi les 3 de l'équipe étaient à déterminer avant le match).

Cette épreuve a été l'occasion de développer des tactiques de jeu collectives et a mis en valeur l'esprit de coopération et la solidarité entre des pilotes qui, parfois, n'avaient jamais volé ensemble auparavant.

L'heure de comptes

Nous voilà au bout de notre expérience.

J'ai bien ressassé toutes les preuves décrites plus haut. J'ai lu, relu et après, pour me détendre, je suis allé bousiller un DSI/II tout seul avec un T/F.

Et voici mes conclusions en quatre points :

  1. Les joueurs de la LFXW ne sont pas des serial-killers ou des agresseurs de petites-vieilles en puissance ;
  2. Ce ne sont pas des drogués, ce ne sont pas des extrêmistes ou des légumes nourris aux pixels de leur moniteur ;
  3. Vous ne prenez donc aucun risque à les cotoyer ;
  4. Participer aux activités de la LFXW peut même se révéler ludique, distrayant et enrichissant ;
  5. point complémentaire : qu'est-ce qu'on peut entendre comme c******** à la radio...

Conclusion

A chaque époque : son bouc-émissaire.

Je me souviens qu'il y a une quinzaine d'années, les troubles de la jeunesse avaient été imputés aux jeux de rôle. Il y a 25 ans, tout était la faute aux bandes-dessinées. Toutes ces accusations avaient été bien sûr largement étayées par des **cas extrêmes** (pseudo-rôlistes néo-nazis, bandes-dessinées décriées comme ultra- violentes etc.).

Or, comme le disait si bien un de mes professeurs préférés (de toutes mes études supérieures) : "Illustrer son propos par des exemples extrêmes, c'est faire preuve de malhonnêteté intellectuelle."

Pas de chance pour nous : la mode de l'accusation facile s'intéresse de plus en plus à internet. Il est à parier qu'après les infos à la radio, nous allons voir débarquer sous peu les derniers des abrutis dans le pire des talk-shows de TF1 ("Vis ma vie de C0wB0yZ", "L33t et les garçons", etc.)

Mais courage ! Il ne s'agit certainement que d'une mauvaise période à passer jusqu'à ce que ces Messieurs-Dames trouvent une autre croisade à mener, un autre cheval de bataille pour lutter contre la décadence galopante et perpetuelle de notre belle jeunesse française...

De notre côté et en attendant, continuons de nous amuser.

Vive la LFXW.

Vive la "Soirée Réseau" !